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L'Inconfort

Dernière mise à jour : 1 mars 2022


Ce sont mes parents qui m'ont appris mes premières souffrances. Le malaise, l'inconfort au nom de la bienséance. Cela a commencé en m'apprenant la politesse. En me forçant à dire merci pour ce qui m'était dû, en me forçant à être agréable avec des inconnus, à leur faire la bise, et en m'enjoignant à répondre je t'aime à leurs je t'aime. Comme si ma dépendance n'était assez suffisante pour prouver mon affection, mais plutôt signe d'ingratitude. Et à chaque fois que je suis passée de bras en bras, alors que je ne le voulais pas, j'ai perdu un bout de mon intégrité. Est-ce que j'ai le droit de dire non ?


Non.


Apparemment, "Non" n'est pas acceptable pour un parent. Pour un père. Ma résistance a été soufflée toute petite, comme on éteint une bougie. Ensuite adulte, la mèche essaie de se rallumer parfois, la flamme vacillante et tremblotante lorsque je tente à demi mots de m'affirmer. Ou elle s'embrase et brûle toute entière lorsque ma coupe est pleine et que je pète les plombs. Cela serait bien de retrouver la flammèche vaillante, jeune et belle de la tendre enfance. Celle qui illuminait mon cœur d'une lumière jaune et qui me permettait de voir distinctement ce que mon cœur me dictait. "J'ai pas envie" devrait devenir acceptable et non plus discutable. Tout comme, "je refuse" et le "non".


Mais c'est rarement le cas. On m'a asticoté pour que je dise oui, avec de petites tapes encourageantes dans le dos. On m'a réprimandé pour que je dise oui, avec un regard pénétrant et menaçant. On m'a parfois extorqué de mon oui, avec des coups. On m'a violé aussi mon oui, pour se passer outre mon non.


Et j'ai été questionné, questionné, questionné.


Ras le bol.


Me voilà ensuite, à 25 ans, adulte, ne savant pas dire non ou informer les autres de quand j'étais mal à l'aise car je ne m'écoutais plus. Entre amis, au travail, avec des inconnus. Partout.

Mon corps est comme choqué, ma parole verrouillée. Mon estomac se glace et se liquéfie. Je me retrouve un peu à côté de moi. La sensation est bien connue et extrêmement désagréable. Mais je ne l'écoute pas. Je plastifie un sourire vacillant et laisse échapper un rire nerveux témoignant de mon effarement intérieur. Mais j' ignore l'irrespect, l'inconfort... j'ignore mon cœur.


Mon corps, lui, exprime clairement son malaise, mes bras repliés sur ma poitrine, mes épaules rentrées vers l'avant et le regard fuyant. Si je pouvais décemment, je ferais un pas en arrière. Je me protège. Mais ça demande du courage de verbaliser son malaise. J'ai appris, comme une bonne partie des femmes sur cette planète, à être agréable coûte que coûte. Et ça m'a dépourvu de mon réflexe instinctif d'oser parler pour dénoncer un désagrément, un embarras, un mécontentement, une indignation. Cela me demande beaucoup de bravoure de m'écouter et de passer outre le mécanisme de sacrifice - bien implanté ! - qui me fait privilégier le bien être des autres par rapport au mien... Car je ne veux pas mettre mal à l'aise les autres en évoquant le malaise que me provoque leurs actions. Un comble..!


J'ai une bonne nouvelle ça se réapprend de dire non avec le cœur. Une fois que j'ai décidé de faire fi des conventions sociales, il est revenu. Triomphant et naturel. Un délice. Et je me délecte des visages offusqués des personnes confrontées à mon irréfutable NON.


Par exemple voici une représentation de l'expression de mon père quand je lui ai dit que, non je ne lui ferai pas à manger car ce n'est pas de ma responsabilité de m'assurer qu'il est de quoi se sustenter (ahaha!) :


Le choc. IL en a perdu SES mots pendant plusieurs secondes. Tiens qui est mouché maintenant :) ?

Le Refus, ACTE I

SCENE PREMIERE. LE PERE, LA FILLE.

LE PERE. Comment cela "je refuse" ? LA FILLE. Tout simplement, oui. Je REFUSE.

LE PERE. Mais .. mais.. tu n'as pas le droit, moi je n'ai jamais dit non à mes parents ! LA FILLE. Tu aurais peut être dû...

LE PERE. Je suis très vexé par tes mots et ton attitude.

LA FILLE. C'est ton droit d'être vexé. Ca t'appartient. :)


FIN SCENE PREMIERE.

Un sketch. LOL.



-Fatoumata, le 19/02/2022




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