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50 jours

Dernière mise à jour : 22 janv. 2022


J'ai fait un rapide calcul du nombre d'heures que je passais à souffrir du fait des douleurs que j'éprouve durant mes règles et l'ovulation.


Durant un cycle, je souffre 72h de mes règles et 5h de l'ovulation en moyenne. J'ai environ 14 cycles menstruels par an. Soit 1078 heures par an.


50 jours de pur souffrance. A vomir. A en chier. A me convulser. 50 jours sur 365 jours où je suis occupée à souffrir à plein temps.






50 jours où je me sens comme une merde. Une moins que rien.

50 jours où je me sens si près de la mort mais si loin.

50 jours à me sentir abandonnée et au banc de la société.

50 jours à baigner dans mon sang.

50 jours sans paix, sans repos.

50 jours d'Enfer sur Terre.

50 jours à ne rien contrôler.

50 jours sans manger. Sans sommeil.

50 jours à détester ma condition de femme.

50 jours à me détester tout court.

50 jours à me croire maudite.

50 jours à prier pour ma salvation.


Et j'éprouve des douleurs depuis mes 15 ans. Du coup si on ressort la calculette, sur 29 ans j'ai passé 1,7 an à souffrir. Woah. La brique.

Tout ce temps si j'avais pu l'utiliser autrement, qu'est ce que j'en aurais fait ?

Je ne sais pas.

Ce que je sais par contre, c'est tout ce que je n'ai pas fait.


Assister au mariage de ma cousine, fêter mon 29ème anniversaire avec ma famille, célébrer le PACS d'une chère amie du lycée, faire des séances de danse, de yoga, de sport... Tant de rendez-vous manqués... au ciné, au restaurant, au musée, des évènements de networking professionnels, des concerts... les visites de mes amies qui vivent à l'étranger, et sûrement tant d'autres choses que j'ai oubliées...


Cette souffrance limite mes possibles, mange mon temps et me prive de mes joies. Cette souffrance intolérable, irascible et insatiable. Toujours à l'heure, parfois à l'avance mais jamais en retard. C'est une invité impolie, mais ponctuelle. C'est inconvenant le retard. Un rendez-vous pris est en rendez-vous pris. Rendez-vous pris avec qui ? Ben, avec moi. Et je prépare son arrivée comme la parfaite hôtesse de maison que je suis. Des jours à l'appréhender, à l'anticiper, à essayer de l'accommoder. Car elle est demandeuse cette invité. Durant son séjour, elle exige une attention constante, elle est bruyante et ne supporte pas d'être ignorée.

Je hais de n'avoir aucune prise sur elle et son caractère ostentatoire. Je hais qu'elle hurle et vocifère à m'en vriller les tympans.


Cette souffrance, je l'abhorre, je la vomis, je la sue, je la chie.


Elle a pris possession de moi. Et je tente de l'exorciser à coup de décoction millepertuis / camomille, de techniques de respirations abdominales de sophrologie, de cachets d'ibuprofène avalés toutes les 3 heures, et de postures qui rendraient admirative ma prof de Yoga.


Ça suffit. Ça suffit. Ça suffit.


Quand est-ce que je pourrais enfin vivre ma féminité pleinement et librement ? Quand est-ce que je pourrais honorer la bénédiction d'avoir mes règles. A la ménopause ?

Ou oui... je pourrais les honorer en dehors des douleurs. Je pourrais.


La vérité c'est je n'en ai pas la foi. La vérité c'est que j'en suis écœurée. La vérité c'est que je n’aime pas ma geôlière. La vérité c'est que parfois j'aimerai être un homme. Car c'est trop à endosser pour moi.


Je demande ma guérison.


Féminité Réparée ou RIEN.

Féminité Déculpabilisée ou RIEN.

Féminité Respectée ou RIEN.

Féminité Embrassée ou RIEN.

Féminité Honorée ou RIEN.

Féminité Epanouie ou RIEN.



- Fatoumata, le 08/01/22

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