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Cimetière dans mon ventre


Pour qui promène ses doigts sur mon ventre, il sentira la peur d'être blessé lorsque mon abdomen se contractera.

Pour qui effleure mon aine, il entendra ma respiration hachée par le doute : est-ce un toucher pour me chérir ou me saisir ? Est-ce que je pourrai m'échapper ?

Pour qui pénètre en mon sein, il rencontrera les frémissements de mon couloir tapis de peine, rose de haine et rompu de batailles vaines.

Pour qui, téméraire malgré les avertissements pousse un peu plus, il trouvera mon siège de Reine, là où, esseulée, je me recueille pour panser maladroitement les souffrances. Je manque d'espace, donc elles s'entassent.


Comment aurai-je alors de la place pour accueillir la Providence ?


Et pour chaque baiser déposé au creux de ma nuque, soulèvera une angoisse : pourrai-je toujours m'appartenir ?


Faire confiance, m'abandonner, lâcher prise ... Tout un programme aux notes exotiques. L'hypervigilance qui me scie le ventre n'y a pas sa place.


Mon programme instinctif est aux antipodes.

Fuir pour me mettre en sécurité, observer pour anticiper, frapper plutôt qu'être frappée, carrer les épaules et camper sur mes jambes pour défendre ma position, analyser pour me munir, faire seule car je ne peux compter que sur moi même.


C'est épuisant. Je me saigne.


Et ça me laisse peu de temps pour apprécier et accepter l'intégrité des beaux et doux gestes.

In doubt... always second-guess.


Comment m'en départir ?

Bonne question. Comment défaire cette pelote de peurs avec douceur, patience, amour et bienveillance pour moi ? Par où commencer ? Est-ce que j'en ai vraiment envie ? Elle me sert cette pelote quand même. Je me tricote des tee-shirts 100% independantwoman et des chaussettes antidérapantes jenaibesoindepersonne.

Et c'est carrément plus simple de me dire "je suis comme ça et puis c'est tout, qui m'aime fera avec !". Mais, qui ne se lasserait pas d'être constamment mis à l'épreuve ?


J'ai peur en fait. C'est un autre type de peur. La peur de ce qui ouvre, pas de ce qui ferme.

J'ai peur de ce que j'ai envie. L'envie de me lover contre une main tendre caressant ma joue, l'envie de m'abandonner sans réserves, l'envie de me laisser guider sans réflexions sans objections... la confiance totale.


Peut être que finalement la bonne approche serait de passer de l'hypervigilance à la vigilance dans un premier temps. Laisser la vigilance s'exprimer dans les cas d'urgence. Et ça tombe bien je suis dotée de dons qui me permettent de lire les dynamiques / les énergies / les tonalités des échanges ? Voilà comment utiliser mon hypersensibilité à mon bon escient.


Lire l'intention d'un toucher pour ce qu'il est et me libérer de mes réactions inflammatoires. Et je me réserve le droit de refuser autant un toucher transpirant la violence qu'un toucher infusé de tendresse. Car j'ai le droit de ne pas vouloir, j'ai le droit de dire non sans pour autant sonner l'alarme et armer les gendarmes etc. En bref laisser la vigilance coexister avec la confiance. La confiance en moi et mes perceptions pour enfin oser. Oser vivre autrement, en attendant le mieux, toujours le mieux.


Il est temps d'enterrer les traumas passés. Et de déposer les fleurs. Tourner les talons et trottiner.


Impunément. Joyeusement.


- Fatoumata, le 22/07//2022

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